jeudi 18 août 2011

ChEZ MOI C'EST SOUS LE PONT

Plus futé que les Sénégalais, tu meurs ! Ils sont nombreux, en effet, à se faire appeler des «sans domicile fixe» (SDF). Leurs dernières trouvailles, c’est de s’installer sous les ponts construits pour la fluidité de la circulation dans Dakar, de véritables «hôtels cinq étoiles» pour ces resquilleurs qui y ont élus domicile. Visite dans les «appartements privés» des SDF…
Ils sont nombreux ces «sans domicile fixe» qui squattent les ponts pour y élire domicile. Des matelas, des draps, de très vieilles valises pour ranger les habits, des sacs contenant toutes sortes de matériel, tel est le décor sous le nouveau pont situé à quelques jets de l’École normale supérieure, aux intersections des avenues Bourguiba et Cheikh Anta Diop. Le maître des , Moussa Sané de son nom d’emprunt –puisqu’il souhaite se confier dans l’anonymat– vient juste de se réveiller. Il prend tout son temps, fait la toilette du visage, se brosse les dents, prend son cure-dent, avant de se mettre à notre disposition.
Chaque jour, Moussa a fait le tour de Dakar avant de se rabattre sous le pont. «Je suis arrivé à Dakar en 2001 et je n’ai jamais pris de location. J’ai habité dans des maisons en construction, dans des jardins publics et même dans la rue, partout dans cette ville», confie-t-il. Cette situation s’explique, selon lui, par le manque de moyens dont il souffre depuis qu’il a perdu tout son cheptel dans son village, situé dans le Baol. «J’avais beaucoup d’ovins et de caprins, mais un jour, tout a disparu. Alors, je me suis retrouvé sans sou, sans rien. J’ai alors décidé de venir à Dakar pour chercher du travail, mais depuis lors, la chance ne m’a pas souri», confesse-til.
De temps en temps, ce SFD fait de bonnes «affaires» pour se procurer de l’argent et subvenir à ses besoins. «Parfois, je récupère de la ferraille que je revends à bon prix. Je vends également des bouteilles à des dames qui les revendent, tout comme il m’arrive de faire des travaux manuels, tels que couper le fer pour les maçons, porter des sacs pour les camionneurs, creuser des trous pour les sociétés de téléphone ou d’électricité etc.»,souligne notre interlocuteur.
Marié et père d’un garçon et d’une fille, Moussa Sané pense, tout de même, à sa petiote famille restée au village, et à qui il envoie de l’argent de temps à autre. «Tout ce que je fais, c’est pour pouvoir entretenir ma famille. Je ne peux pas rester les bras croisés et, si je loue une chambre, je ne pourrais pas lui envoyer de l’argent», avoue-t-il.
Moussa se sent bien en ce lieu qu’il considère comme sa «propre maison», même s’il n’y a pas beaucoup de confort. «C’est mieux que mes anciennes habitations, malgré le bruit qui dérange beaucoup entre klaxons des voitures et bruits venus de toute part. L’essentiel, c’est que j’ai la paix ici et ça me suffit», se console notre SDF. Avec ce confort dans sa nouvelle demeure, Moussa confie qu’il n’est pas prêt de quitter les lieux de sitôt, parce qu’il est sûr de ne pouvoir trouver mieux, pour le moment.

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